Le diplôme tout frais de médecin en poche, le jeune garçon installe fièrement son cabinet à Ponferrada, petite ville aux confins de la Galice. Mais dans l’Espagne post-franquiste, les patients ont plus besoin de distractions que de prescriptions, et la clinique finit par ennuyer notre professeur. Dans les moments libres entre deux malades, il se met à fabriquer des marionnettes.
Un beau jour de 1980, possédé par ses souvenirs d’enfance, et avec l’aide inestimable d’une infirmière, il construit son premier spectacle : Canciones para mirar (des chansons à regarder). Dès les premières représentations, l’enthousisme du public lui fait comprendre qu’entre guérir et gai-rire, il n’y a qu’un pas, et que par cette nouvelle voie, il ne trahirait pas le serment d’Hippocrate. Il jette le «Vidal» à la poubelle, met la clé sous le paillasson et se lance sur les routes espagnoles avec ses marionnettes.
En 1981, à Paris pour un week-end, il oublie de repartir. Il découvre les spectacles de rue et monte son premier numéro français, Théâtre Callejero (de la «rue» en espagnol).
Dans les années 80, ses consctructions en trompe-l’oeil provoquent de véritables attroupements, ce qui le conduit à quelques reprises et contre sa volonté, au commissariat du 6ème arrondissement. Son théâtre portatif finit par intégrer paisiblement le décor de Saint Germain des Près, et Diego Stirman rejoint la bande de saltimbanques qui occupent le devant des Deux Magots.
Diego Stirman parcourt ensuite le monde avec son panier en oseille (festival Au Bonheur des Mômes en France, le festival d’Aurillac, le festival Figeuro en Belgique, le festival d’été de Québec, Im-Puls en Autriche) Osaka festival au Japon, etc.
Dans les années 90, fatigué peut-être par la solitude, il rencontre sur le parvis de Beaubourg Nino Montalto, clown italien, authentique représentant de l’école napolitaine et sicilienne, qui lui transmet les vieilles ficelles de la commedia dell’arte et de la clownerie. Ils forment un duo, où Diego endosse sans hésiter le rôle du Clown Blanc. Tout repart dans une nouvelle direction. Dans un vieux cinéma en détresse de Belleville, le Berry Zèbre, ils fondent un cabaret qui devient rapidement un lieu incontournable des gens du cirque et du music-hall. Ici, ils créent leur cirque de puces, le voyage en gondole vénitienne, les chansons loufoques qui feront partie de leur répertoire.
Cependant, la médecine ne lâche pas complétement notre cher artiste, qui se voit bientôt engagé par des hôpitaux psychiatriques pour explorer les propriétés guérisseuses des marionnettes. Il échappe de justesse à la carrière psychanalytique.
En 2004 puis 2006, la nostalgie du «solo» pousse Diego Stirman vers le Festival mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières, où il présente la synthèse de 20 ans de travail, un mélange ingénieux de marionnettes, clown, mime et magie. Depuis, son spectacle «Le Panier de Pandora» ou encore «Entremets» est représenté dans les principaux festivals de marionnettes, de mime ou de rue en Europe.
En août 2005, Diego a réussi à arracher le Coup de coeur au Jury du festival Mimos à Périgueux, «pour son humour généreux, son originalité et sa maîtrise exceptionnelle du rapport au public».
En 2007 commence à se dessiner un autre projet, intitulé Le Banquet. Sa démarche : les spectateurs sont les invités d’un banquet «préparé avec amour-humour par un cuisinier un peu particulier». Un spectacle sorti du four, cuit à point, à savourer sans aucune modération... et qui voit officiellement le jour en mai 2008 après une résidence au Musée Théâtre Guignol de Brindas (69). Début 2011, il travaille sur Flatus Bovis, un spectacle musical pédagogo-écologique , accompagné de sa fille Leonor.
2014 , dernière création, La Véritable Histoire de Cristobal Colomb, mélange historique-autobiographique-marionnettique-oecumenique...
Tous ses spectacles jouent actuellement tous les dimanches dans son petit théâtre El Clan Destino de Belleville jusqu’à nouvelle ordre...